Des villes comme Portland, Vancouver, Chicago, San Francisco, Tokyo ou Montréal ont intégré cette démarche dans leurs projets urbains. Si la ville de New-York en comptabilisait jusqu’à 750 il y a peu, l’exemple le plus significatif vient de Détroit, passé de 3 jardins en 2005 à 59 000 en 2012. La petite ville anglaise d’où s’est lancé le projet « Incredible Edible », Todmoringden, a calculé son autosuffisance alimentaire et est arrivé au chiffre de 85%. Pour Cuba, ce choix pour l’agriculture urbaine fut une question de survie suite à l’effondrement du bloc soviétique au début des années 1990.
Dans une enquête de 2010, l’United States Department of Agriculture (USDA) a analysé les répercussions économiques des marchés locaux. L’argent qui y est dépensé reste dans la communauté locale et permet de générer des d’autres dépenses indirectes et induites. En guise d’exemple, dans un marché de l’Iowa, ce taux fut de 1.58. En termes d’emplois, ce taux est de 1.45. En Oklahoma, ce taux peut monter jusqu’à 1.78. A Vancouver, il est de 2. Bruxelles a recensé 1300 hectares disponibles pour développer ce type d’agriculture.
Qu’il s’agisse de faire face à une croissance démographique, de développer une activité locale créatrice de valeurs pour le territoire ou bien d’opérer du marketing territorial à la sauce verte, beaucoup de collectivités et de groupes d’individus engagent des réflexions sur ce domaine . L’agglomération de Vancouver et celle de Bruxelles ont réalisés des études sur les potentialités de ce secteur . La ville de Colombie Britannique a ainsi évalué le poids de son système d’alimentation locale à 10 millions de dollars annuel pouvant parvenir à nourrir 615 000 vancouverites et 1.7 millions à l’échelle Métro Vancouver. Le déficit d’autosuffisance alimentaire pour l’agglomération est estimé à 1.3 millions de tonnes. A Bruxelles, l’alimentation durable concerne 2 500 emplois dont 1 000 dans sa distribution. Sa croissance a augmenté après la crise et les profils de ces travailleurs sont majoritairement jeunes et peu diplômés. Des scénarii ont été élaborés pour diagnostiquer les potentialités de ce phénomène et il ressort que le secteur de la production agricole urbaine est le plus porteur. Il pourrait en effet, à terme, occuper 6 000 personnes qui, elles-mêmes, donnerait une activité à 1 000 autres dans les secteurs de la transformation, de la distribution. 200 emplois pourraient également être créé dans la formation et la gestion et le traitement des déchets.
Pour la capitale européenne, le vivier d’emplois pourrait atteindre 7 700 emplois dans les prochaines années.
Les AMAP en France reprennent les idées développées au Japon dans les années 1960 avec les Tekei et les « Communauty Support Agriculture » (CSA) apparu aux Etats-Unis et au Canada dans les années 1980. Ce concept est né en 2001 en France suite à des réunions de sensibilisation et d’éducation populaire animées par ATTAC sur le thème de la « malbouffe », ce mode de distribution prônant une agriculture soutenue par une communauté auto organisée a progressivement essaimé en France puisque l’on en dénombrait plus de 1 600 en 2012 nourrissants 50 000 foyers soit approximativement 200 000 personnes . Ce partenariat entre consommateurs et producteurs peut se résumer à, d’une part, la sécurisation des revenus des producteurs et l’accès à une nourriture locale de qualité à ses consommateurs.
Le profil de ses consommateurs à évolué ces dernières années. Nous sommes en effet passés d’un marché de niche pour cadres urbains diplômés et militant à une progressive démocratisation où cadres, employés et étudiants se côtoient désormais. Depuis 2010, ce mouvement est coordonné au niveau national par MIRAMAP qui travaille pour développer les notions de circuits couts, de souveraineté alimentaire, d’agriculture paysanne, de santé et d’accessibilité alimentaire. Des livraisons de paniers dans les MJC et des rapprochements avec des épiceries solidaires pour rendre accessibles ces produits sont en projet. La charte nationale indique qu’un producteur ne peut être éloigné de plus de 80 km de ses clients. Si la majorité des produits sont issus de l’agriculture biologique, ce n’est pas forcément le cas pour l’ensemble des produits estampillés « AMAP ».
Les jardins de Cocagne, chantier d’insertion par l’activité économique, s’insère dans cette problématique avec un volet social depuis 1991. Actuellement, ce réseau comporte 80 jardins et 13 000 foyers bénéficient de leurs productions.
Les jardins partagés sont des parcelles conçues, construits et cultivés collectivement par les habitants d’un quartier ou d’un village pour y faire pousser des légumes. Ces parcelles d’appropriation collective, différentes des jardins familiaux, font revivre les habitudes paysannes de mises en commun des espaces qui, mis à mal par la révolution industrielle, ont recommencés à fleurir dans les années 1970 en Amérique du Nord. Adhérents à la charte des jardins en partage et au réseau « Jardins dans tous ses états », les membres de ces collectifs produisent légumes, fleurs, fruits, plantes aromatiques ou médicinales mais également de la solidarité entre eux. Cette activité répond à plusieurs enjeux contemporains
En Croatie, certains jardins partagés comme celui de Varazdin ont obtenu une reconnaissance et sont désormais intégrés au plan d’urbanisme de la ville. Certaines villes, comme Hérouville Saint-Claire, en Normandie, se sont lancés dans la création de vergers collectifs non loin d’immeubles collectifs d’habitation .
L’ensemble de ces actions tournées vers l’alimentation répondent à la notion de souveraineté alimentaire . Le forum européen Nyéléni ou le groupement Europe-Urgenci fut l’occasion pour les parties prenantes de structurer leurs réflexions.
Le mouvement des « Incroyables comestibles » parti d’Angleterre ambitionne de voir l’alimentation transformé en bien commun accessible à tous sans conditions de revenus. En transformant l’espace public en jardin potager gratuit, ces collectifs reprennent possession d’espaces entiers inutilisés pour y développer de l’abondance partagée. Actuellement, 40 collectivités à travers le monde répartis sur 4 continents se sont insérées dans cette démarche collaborative mais des centaines d’actions sont menées localement par des citoyens.
Plus globalement, cette initiative s’inscrit dans celle des villes en transition regroupant des collectifs éco-citoyens recherchant des solutions durables pour développer des actions résilientes de développement local faisant face au dépassement du pic énergétique issu de l’après-pétrole. Autour de cette idée en gravite de nombreuses autres comme les cours de cuisine collectifs, l’implantation d’espaces à cultiver dans les hôpitaux, les écoles et les maisons de retraite, la transformation et le conditionnement de ces matières premières agricoles ainsi que la confection, sous licence libre évidemment, d’objets techniques facilitant la pousse de légumes en intérieur . On constate donc que ce mouvement de démarchandisation de la nature et de l’alimentation s’étend pour toucher également le crowdsourcing en mobilisant l’intelligence collective pour des solutions innovantes. C’est dans cette philosophie d’une technique accessible à tous que Marcin Jakubowsky a lancé OpensouceEcology, collectif d’ingénieurs et d’agriculteurs, en charge de créer et de mettre à disposition 50 outillages indispensables à note civilisation sous licence libre.
La ruche qui dit oui, à l’instar de la plate-forme Ecopousse (2 producteurs et 140 produits référencés à 50 km de Brest), met en liens des consommateurs et des producteurs de fruits, légumes et produits locaux. Ces deux sites fonctionnent de manière légèrement différente. Alors que « la ruche qui dit oui » axe son activité vers le développement de groupes d’achat centralisé chez une personne active gagnant, au passage, un complément de revenus pour le travail fournit, Ecopousse, quant à lui, sert d’intermédiaire entre producteurs, particuliers et associations pour la vente de produits. EN plus de ce service, la mise en commun d’informations relatives à l’horticulture, à la location d’outils ou au prêt de graines ainsi qu’à des projets évènementiels liés à la consommation de produits locaux. Par son système de géolocalisation, la plate-forme Ecopousse facilite la mise en lien entre acteurs géographiquement proches.
Au moment de la rédaction de l’étude, « la ruche qui dit oui » comptabilisait 325 ruches en fonctionnement et 91 encore en construction. Sur l’ensemble des ruches en fonction, seul 7 sont répertoriées en Bretagne, soit l’un des chiffres régionaux les plus faibles au niveau hexagonal.
Dans une logique de don, les p’tits fruits solidaires est un site collaboratif mettant en lien les détenteurs d’arbres fruitiers ou de potagers en surproduction avec des habitants à la recherche de denrées gratuites. Ces échanges concernent les fruits, les légumes, les fleurs et les graines. L’idée est d’offrir une partie de la production aux personnes intéressées pour aider à la récolte.
Avec les projets de législation européenne en vigueur sur la traçabilité des semences, un mouvement se développe pour la conservation et la transmission des graines semencières. Né d’abord en Angleterre, le concept de grainothèque gagne du terrain de jours en jours. Elle propose fin 2013, 1250 variétés de plantes comestibles ainsi que des tocs locaux et des articles pédagogiques destinés à transmettre les savoirs horticoles.
http://grainesdetroc.fr/got.php