L’AGENCE CLIMSAT À L’ORÉE D’UNE NOUVELLE ÈRE ?


Alors que l’une des composantes du Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (GIEC) s’est réunie à Brest, du 18 au 22 Juillet, l’agence brestoise Climsat, centre scientifique et technique mis en place en partenariat entre le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et la Bretagne, voit son financement réduit comme peau de chagrin, après 2 ans et demi d’activité Ce « Centre expert mondial d‘appui aux territoires pour l’étude des vulnérabilités liées au changement climatique » (Climsat), a pour mission d’aider les pays du Sud à réagir face aux menaces du changement climatique. Alors que les différentes parties prenantes à ce projet semblent vouloir tout faire pour le relancer, les avis divergent, notamment entre la région et le PNUD, les deux principaux financeurs.
L'AGENCE CLIMSAT À L'ORÉE D'UNE NOUVELLE ÈRE ?

« La brutalité de la crise économique et l’échec du sommet de Copenhague ». Pour Dominique Ramard, président du centre et conseiller régional délégué à l’énergie et au climat, « la mise en sommeil » de l’agence Climsat s’explique avant tout en raison des évènements internationaux. Ils auraient « entraîné une baisse de 30 % du budget du PNUD », principal financeur du projet. Une baisse « que la région Bretagne n’a logiquement pas souhaité compenser », poursuit Dominique Ramard.

Alain Retière, chargé du développement du centre Climsat jusqu’au 1er janvier dernier, pour le compte du PNUD, n’abonde pas tout à fait dans le même sens.

S’il reconnait la responsabilité de la crise financière pour expliquer les difficultés que rencontre Climsat, il pointe du doigt le Conseil régional. « Après la crise, la lutte contre le réchauffement climatique n’est plus devenue prioritaire dans l’esprit des collectivités ». Un argument que ne corrobore pas Dominique Ramard.

Ce dernier estime, au contraire, que la Région assume depuis le départ ses engagements envers Climsat, avec des aides à hauteur de 170 000 euros par an, pour un total de 280 000 euros alloué par les collectivités.

5 des 6 salariés licenciés

Lors de la création de Climsat en octobre 2008, cette initiative fut grandement louée. Avec pour slogan « vers des territoires moins émetteurs de gaz à effet de serre et plus résistants au changement climatique », le projet Climsat portait une ambition d’envergure en matière de lutte contre les gaz à effet de serre. Mais aussi une forte dimension de solidarité internationale et d’excellence scientifique : des thèmes à même de valoriser encore plus le territoire breton au niveau international.

Après 2 ans et demi d’existence ponctués par plusieurs missions réussies en Indonésie, au Maroc, au Nicaragua et en Colombie notamment, tout s’écroule. La réalisation de prospectives climatiques, par le biais d’images satellitaires dans plusieurs régions du monde, devait générer des bénéfices pour l’agence. Objectif : assurer une stabilité financière et étendre le nombre de missions (Alain Retière parlant, à l’époque, de 50 à 60 postes envisageables).

Mais les programmes de recherche n’ont finalement pas tous vu le jour et la stabilité de Climsat s’est fragilisée.

Début juin, 5 des 6 salariés de ce centre d’experts reçoivent une notification de procédure de licenciement de la main de Dominique Ramard, pour qui « licencier n’a pas été une partie de plaisir. Mais face au manque de financements du PNUD, nous n’avions pas d’autre choix dans l’immédiat ». Une décision qu’Alain Retière a toujours en travers de la gorge. « J’ai véritablement été déçu par la manière dont le Conseil régional a géré sa participation à cette initiative prometteuse », déplore t-il ainsi.

Un possible plan de relance avec le PNUE

Malgré la situation difficile dans laquelle se trouve Climsat, les différentes parties prenantes au projet se veulent tout de même optimistes. « Je motive actuellement les Nations Unies et je cherche d’autres partenaires (collectivités notamment) désireux de collaborer avec nous. Objectif : permettre à cette initiative d’aller de l’avant », relève Alain Retière (licencié de Climsat depuis janvier et ne pouvant donc s’exprimer uniquement en son nom).

Pour sa part, Dominique Ramard compte bien s’appuyer sur « le bon bilan scientifique et technique de l’agence », ainsi que sur « la compétence désormais unanimement reconnue des salariés de Climsat », pour relancer l’association.

En outre, il pense désormais à « s’associer au Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) », afin que le centre puisse « sortir de la crise d’ici 9 mois ». Et accoucher d’un nouveau projet innovant, en lien avec la biodiversité. En ce sens, le président de la région, Jean-Yves Le Drian, pourrait rencontrer les représentants du PNUE dès l’automne. Il leur a assuré récemment, par courrier, qu’une collaboration étroite était tout à fait envisageable.

Souhaitons que les différents acteurs puissent trouver un terrain d’entente car, comme l’indique Alain Retière, « il existe un réel besoin d’interface entre la communauté scientifique, l’ONU et les territoires qui requièrent son assistance technique ».

Comme le prédit Christian Guyonvarc’h, conseiller régional, dans un communiqué le 27 juin dernier : « Je souhaite vivement que les compétences professionnelles réunies depuis 2008 autour de Climsat ne soient pas définitivement perdues pour la Bretagne. Car, à n’en pas douter, elles trouveront à s’exprimer ailleurs. »

Le GIEC à Brest depuis 4 jours
A l’occasion du rassemblement du Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (GIEC) à Brest, du 18 au 22 Juillet, la ministre de l’écologie Nathalie Kosciusko-Morizet a présenté un plan national d’adaptation au changement climatique.
Fort de 230 mesures, il doit définir la stratégie française concernant plus de 20 secteurs. Parmi ceux-ci l’agriculture, la gestion de l’eau ou encore la prévention des inondations. Des initiatives telles que la récupération de l’eau de pluie ou l’amélioration des performances des tours réfrigérantes des centrales nucléaires, sont notamment introduites dans ce plan. Une feuille de route dont la mise en œuvre ne devrait, selon la Ministre, pas tarder à être appliquée.
Concernant l’eau, l’objectif est de réduire la consommation de 20 % à l’horizon 2020, affiche la Ministre de l’écologie.
Un rapport que Jean Jouzel, vice président du GIEC, également présent en ce moment à Brest, connaît très bien puisqu’il a participé à sa réalisation. Il déclarait ainsi, il y a deux semaines à Rennes, « le plan national d’adaptation au réchauffement climatique vise à limiter le réchauffement. Mais également à s’adapter à celui-ci. Et je pense que c’est une bonne chose de s’inscrire dans ces deux mouvements ».

Posté le mercredi 27 juillet 2011
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