Interview des gérantes du café restaurant Babig Poz Kafe. (Reportage vidéo)
Babig poz Kafe a ouvert ses portes récemment (jeudi 1er décembre 2011). Comment s’est déroulée l’ouverture ?
Nathalie Le Roux : nous avons ouvert le BPK dans l’enthousiasme mais avec un peu de stress ! Nos proches étaient présents mais également des personnes venues grâce au bouche à oreille ou par curiosité. Beaucoup d’enfants jouaient ensemble. C’était agréable et très convivial.
Pouvez-vous nous expliquer, en quelques mots, en quoi consiste le projet Babig poz Kafe ?
Nathalie : c’est un café-restaurant pour les petits et les grands. En effet, tout est pensé pour accueillir et occuper des enfants de la naissance à 12 ans (espace jeux, table à langer, chaise haute...). Ce lieu s’adresse particulièrement aux parents, grands-parents ou aux assistantes maternelles avec leurs enfants, mais aussi à des personnes souhaitant simplement se restaurer sainement. C’est un endroit où l’on peut bien manger ! Nous cuisinons des produits bio ou des produits locaux...
Il y a aussi une dimension importante autour de l’animation parents/enfants ainsi qu’une boutique de créateurs.
Quel sont vos parcours respectifs ?
Laëtitia Uguen : je suis chef de cuisine, c’est un métier que j’exerce depuis 7 ans. J’occupais ce poste dans un restaurant traditionnel quand Anne et Nathalie m’ont proposée de rejoindre le projet. La création d’entreprise me tentait bien, mais je ne me voyais pas me lancer seule dans une telle aventure.
Nathalie : je travaillais auparavant sur Brest dans le milieu culturel. Mon congé parental m’a donné le temps et l’envie de me lancer dans la création d’entreprise. Je me suis rendue compte que je ne trouvais pas de lieu pour sortir avec mes petits. C’est ce qui m’a amené, après recherches, au principe de « café des enfants ».
Anne Laurent : Je viens également du milieu culturel. En tant que jeune maman, j’étais à la recherche d’un lieu où se retrouver entre parents, pour rompre l’isolement que l’on peut ressentir lors d’un congé maternité ou parental .
Quel est le cheminement qui vous a amené à créer une SCOP, c’est-à-dire une structure s’inscrivant spécifiquement dans le cadre de l’Economie Sociale et Solidaire ?
Laëtitia : c’était une évidence...
Nathalie : disons que l’on connaissait déjà le principe des coopératives. Et la réunion d’information de l’URSCOP présentant ce statut a confirmé notre choix.
Ce qui nous intéresse dans le principe de la SCOP, c’est la philosophie, l’aspect démocratique « un salarié une voix ». De plus, nous avons fait le choix d’être en co-gérance. Nous ne voulions pas que l’une d’entre nous prenne l’ascendant sur les deux autres ou aie à sa charge toutes les responsabilités.
Il faut dire que cet aspect n’a pas été simple à faire admettre sur le plan administratif ! Mais nous y sommes arrivées...
Nathalie : notre objectif n’est pas de faire de l’argent pour faire de l’argent mais de faire vivre la structure. C’est-à-dire de se centrer sur la pérennisation de l’entreprise et faire évoluer un projet à visage humain.
Est-ce plus compliqué de monter une SCOP qu’un autre type d’entreprise ?
Anne : au contraire, je trouve celà plus simple. Nous avons eu un soutien vraiment conséquent de la part de Bernard Penhoët de l’URSCOP que ce soit par mail, téléphone ou rendez-vous. Cet accompagnement s’est fait en parallèle du suivi qu’offre la Boutique de Gestion pour les créateurs.
Dans le projet BPK, on sent une attention particulière à la dimension éducative des "services" proposés pour les enfants. De la même manière le "bio" est très mis en avant. Est-ce simplement une proposition de services opportune répondant à une demande ? Ou un choix plus militant ?
Nathalie : ce n’est pas une opportunité du tout !
Anne : depuis de longues années, nous sommes sensibilisés à l’écologie : acteurs actifs d’une AMAP, auto-rénovateurs d’une maison écologique...
Nathalie : sensibilisée au bio et au maternage de proximité, il nous paraissait évident de créer le BPK dans cette ligne.
Anne : il faut savoir qu’il est plus compliqué d’être en bio qu’en conventionnel car nous n’avons pas les grandes enseignes traditionnelles à disposition.
Laëtitia : Concernant cet aspect, je suis peut-être moins militante, j’y viens progressivement, par étapes...
Nathalie : ...oui, que ce soit pour le bio ou pour le reste, nous ne sommes pas dans le jugement de ce que chacun fait chez lui ou dans le fait d’imposer notre point de vue, le restaurant est ouvert à tout le monde.
Anne : Un des objectif du BPK est de permettre aux parents de passer du temps avec leurs enfants. Ne serait-ce que pendant une heure ou deux, l’idée est de favoriser l’échange dans la relation parent/enfant.
Nathalie : nous voulons revenir à l’aspect « social » du café. Et nous le constatons au travers des clients qui viennent et qui prennent le temps de se parler sans se connaître.
Pour ce qui est de se fournir en matière première « bio », est-ce que cela induit le fait de mettre en place des réseaux spécifiques, des mécanismes de coopération avec les fournisseurs ?
Nathalie : nous sommes parties de notre réseau, ferme de Traon Bihan à Brest pour les produits laitiers, ferme de Sainte Marguerite à Logonna Daoulas pour les légumes.
Laëtitia : … et puis les rencontres ! Nous échangeons avec des gens qui nous disent par exemple : « Moi, je connais quelqu’un qui fait du cidre : si cela peut vous intéresser... ? »
Anne : c’est beaucoup de réseau effectivement, et nous sommes dans des circuits courts pour beaucoup de choses... Il faut savoir que dans le bio, au niveau local, tout le monde se connait. C’est très lié à ce milieu en fait.
Pour rester sur le champ de la coopération, imaginez-vous instituer une relation autre que marchande (vente d’un service, de produits) avec vos clients ? Et de concevoir une implication de ceux-ci dans le projet BPK ?
Anne : nous avons dans l’idée de créer une association de clients qui serait associée extérieure à la SCOP. Cette association permettra aux clients de participer à la vie du BPK, notamment en organisant des animations, et à la vie de la SCOP, puisque l’association aura une voix comme les salariées.
Nathalie : la création de cette association est un de nos objectifs pour le début d’année 2012. Enfin... un des nombreux objectifs !
Comment pouvez-vous renforcer (encore plus) l’appartenance de BPK au mouvement ESS ?
Anne : par le biais de la monnaie Héol par exemple...
Dans l’association ?
Anne : non, pas seulement, dans la SCOP aussi. Les clients pourront payer avec cette monnaie. D’autant plus que certains de nos fournisseurs devraient être dans le circuit de la monnaie complémentaire... Tout cela reste à travailler mais c’est une perspective pour aller encore plus loin dans l’Economie Sociale et Solidaire.
Dernière question concernant la boutique de BPK. Qu’y trouvera t-on ?
Nathalie : elle existe déjà, même si elle n’est pas très fournie pour le moment mais elle va tourner autour de l’enfance. L’idée est de vendre des objets fabriqués par des artisans locaux.
Le site de Babig Poz Kafe : http://babigpozkafe.over-blog.com
Interview réalisée par l’association Tiriad
Reportage vidéo
Réalisation Canal Ti Zef