Interview Feu Vert mobilité, auto école associative


Feu Vert mobilité, une auto école associative au service de tous les publics.

Interview de Michel Roger et Alan Costiou de Feu Vert mobilité, auto école associative. (Reportage vidéo)

Quels sont vos fonctions au sein de Feu Vert ?

Michel Roger : je suis directeur de l’établissement d’insertion par la formation, intégré dans le pôle Initiative sociale de l’association Don Bosco (1), dont dépend Feu Vert Mobilité.

Alan Costiou : moi je suis responsable pédagogique.

Quelles sont les missions spécifiques à Feu Vert par rapport à une auto école "classique" ?

Alan : Feu Vert est une auto école sociale qui a pour objectif d’accueillir un public qui n’a pas sa place dans l’apprentissage « traditionnel » de la conduite pour diverses raisons : parcours personnels difficiles ou situations de handicap. Sur ce deuxième point, Feu Vert a développé une compétence spécifique dans le domaine et investi sur des véhicules adaptés.

Les personnes que nous accueillons, sont suivies par des travailleurs sociaux et ce sont eux qui prescrivent l’apprentissage de la conduite chez Feu Vert dans le cadre d’un parcours d’insertion.

De fait, si la moyenne d’âge des élèves est de 18 ans dans une auto école classique, chez nous elle est de 40 ans, avec ce que cela peut induire en terme de problèmes de disponibilités et de difficultés d’apprentissage, ce qui fait que nos formations s’inscrivent sur des temps plus longs que la normale.

Michel : en auto école traditionnelle, il n’y a pas de prise en considération du contexte global de la personne, pas plus que de réflexion sur la nécessité du permis dans un cadre de ré-insertion. Dans un circuit « classique » notre public risque de perdre pied et d’abandonner sa formation.

Alan : l’objectif est justement pour nous d’éviter les situations d’interruption de formation. Si cela se présente, c’est en accord avec le travailleur social qui suit la personne ainsi qu’avec l’élève. En tout état de cause, nous gardons un suivi pour reprendre la formation par la suite.

Michel : le travail relationnel avec les élèves commence dès l’accueil au niveau du secrétariat. Celui-ci traite avec les élèves les questions d’aides au financement de formation et l’aménagement des délais de paiements si besoin. Et cela se fait en concertation avec les prescripteurs.

Quelles sont les structures prescriptrices ?

Michel : notre public est un public assujetti aux minimas sociaux et RSA. Nous travaillons donc avec des travailleurs sociaux du Conseil Général, ou des délégués au SIAE ainsi que la Mission locale et diverses structures œuvrant dans ce champs.

Y a t-il une formation spécifique pour les moniteurs d’auto école sociale ?

Alan : je ne pense pas que tout formateur auto école soit adapté au public que nous accueillons. Il n’y a pas de formation spécifique « Public en difficulté » dans le cadre du Bepcaser (diplôme d’état d’enseignant de la conduite automobile). Il faut une sensibilité particulière de la part du moniteur...

Personnellement j’ai agrémenté ma formation de moniteur d’une option « public en difficulté » chez Don Bosco. C’est aussi le cas d’un autre formateur Feu Vert.

Michel : et un autre moniteur est initié à la langue des signes. Il y a sinon des formations internes qui sont assurées. Mais ce qui est crucial c’est la volonté des formateurs de travailler avec ces publics.

Feu Vert porte des valeurs sociales et solidaires. Comment la structure se situe t-elle dans l’évolution du mouvement de l’Economie Sociale et Solidaire ?

Michel : nous faisons partie d’un réseau national, le FARE (Fédération des Associations de la Route pour l’Education) qui regroupe des auto écoles sociales ou associatives et des plateformes de mobilités. C’est une fédération qui adhère à la charte de l’ESS et qui propose des formations internes, des analyses de pratiques ainsi que des échanges sur les expériences professionnelles.

Appartenir à ce réseau, nous semble évident. Pour travailler dans ce champ il faut « faire avec les autres ». Il faut partager, s’enrichir des expériences respectives. C’est un bénéfice au final pour les usagers... Nous sommes par exemple performant sur le handicap. Le fait de pouvoir faire des retours sur le sujet et formaliser ces compétences est aussi valorisant pour nous. Pour autant, certaines structures ne font pas ce choix de mise en réseau, je pense que c’est dommage.

Qu’est-ce qui peut freiner l’adhésion au réseau ?

Michel : la cotisation éventuellement … Et puis pas l’absence d’envie de partager avec d’autres, ce qui encore une fois me semble une erreur. Vu le contexte actuel, on ne pourra pas s’en sortir chacun dans son coin.

Comment renforcer votre appartenance à l’ESS ?

Michel : nous essayions déjà de construire des partenariats avec les structures de proximités, comme par exemple Pôle Emploi ou des structures de micro crédits. Nous nouons des coopérations avec des plateformes de mobilités ainsi qu’avec des auto écoles sociales qui viennent vers nous. L’objectif pour nous est d’ouvrir au maximum les relations avec tous les acteurs du champ de l’insertion.

L’association Donc Bosco : http://www.donbosco.asso.fr

La page Feu Vert Mobilité : http://www.donbosco.asso.fr/feu-vert-mobilite.php

Interview réalisée par l’association Tiriad

Reportage vidéo

Réalisation Canal Ti Zef

Ce portrait d’acteur de l’économie sociale et solidaire a été réalisé avec le soutien de Brest métropole océane
Posté le mardi 27 mars 2012
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