Handicap, Intégration et Auxiliaire de Vie Universitaire
Ancien éducateur spécialisé, j’ai souhaité il y a quatre ans modifier mon parcours de vie.
Après un premier contact informel avec le service Handicap de l’UBO ( Université de Bretagne Occidentale ), j’ai intégré le département AES, ( Administration Économique et Sociale), en compagnie de Mathieu , étudiant handicapé à mobilité réduite qui est devenu mon employeur.
Notre partenariat durera quatre ans, émaillé de journées rythmées par l’enseignement des cours, les repas du midi, les pauses détente à la cafétéria, les moments plus studieux à la bibliothèque...
La base de mon travail reste "simple" : je remédie aux gestes qu’il ne peut pas accomplir par lui-même, sa myopathie l’empêchant d’avoir des mouvements comme vous et moi. Je lui ouvre ainsi les portes , je l’accompagne aux toilettes , je note les cours et je le seconde lors des examens et des repas.
L’autre partie de mon intervention reste invisible et parfois délicate. Elle consiste à ne surtout pas faire pour lui, à ne pas trop anticiper ses demandes, en somme à rester attentif à ses besoins et à son rythme sans prendre l’habitude de penser à sa place. Exercice subtil qui requiert beaucoup de patience et qui n’est pas toujours réalisable par manque de temps.
Bien entendu, son autonomie constitue l’essence de mon intervention. Comme tout un chacun, Mathieu dispose d’un potentiel qui ne demande qu’à s’exprimer. Cependant, ses appréhensions légitimes l’empêchent parfois de l’exploiter pleinement. Et le convaincre qu’à certains moments , il peut se débrouiller en toute indépendance n’est pas toujours chose aisée. Pourtant, le piège serait de faire à sa place, le privant ainsi de la fierté de conquérir par lui-même son autonomie.
Depuis quatre ans, mon rôle s’inscrit naturellement dans un travail d’équipe. Ainsi, dès le début, le service Handicap de l’Université a prévu une accessibilité totale aux salles de cours, aux toilettes, au restaurant universitaire. Les enseignants et le secrétariat s’appliquant quant à eux , à lui fournir un emploi du temps le mieux adapté à son rythme. Je n’oublie pas non plus les contacts chaleureux avec les étudiants qui se rendent toujours disponibles pour échanger ou pour lui apporter des compléments de cours.
Dans un tel contexte, l’intégration d’un étudiant handicapé ne peut que bien se dérouler.Tous contribuant, dans le respect et la bienveillance, à son évolution, chacun tentant de mettre de côté ses propres appréhensions.
Mathieu achève ses études en juin. De mon côté, je recherche un nouvel étudiant handicapé dès septembre. Gageons qu’une nouvelle fois , son potentiel sera valorisé et fera ainsi oublier son handicap. Le pari est lancé.
Rodolphe Hennings , auxiliaire de vie universitaire à l’UBO de Brest