Articlede Stéphane Veyer, extrait d’un livre collectif publié à la Documentation Française
Selon nous, loin d’avoir généré de la richesse économique, la promotion de la création d’entreprises
de plus en plus petites a davantage suscité le développement d’une forme de précarité sociale
rarement mise en lumière. La microscopisation de l’entrepreneuriat, adaptée à des populations
de plus en plus éloignées de la création d’entreprises classiques (c’est-à-dire du modèle de la
petite PME constituée sous forme de société), a établit une équation cruelle : micro-entreprise
+ micro-crédit = micro-revenu + micro-protection sociale.
Face à ce processus, des personnes tentent la construction d’un modèle alternatif : la mutuelle
de travail.
Issue du mouvement des coopératives d’activités et d’emploi, la mutuelle de travail
est une entreprise coopérative dans laquelle des professionnels se protègent mutuellement
leurs parcours professionnels. Coopaname en région parisienne, mais aussi Vecteur Activités
en Isère, constituent ces nouvelles formes d’organisations économiques. En se co-salariant au
sein d’une même entreprise qu’ils construisent et gèrent ensemble démocratiquement, les «
entrepreneurs-salariés » de la mutuelle de travail se dotent collectivement de ce à quoi ils
n’auraient pas accès s’ils étaient entrepreneurs individuels : droit du travail, protection sociale,
formation continue, outils financiers, mécanismes de solidarité, opportunités d’affaires. Au
travers de la mutuelle de travail, c’est une réflexion sur l’économie qui est mise en pratique :
comment réinventer l’entreprise afin qu’elle soit un outil démocratique d’épanouissement, de
socialisation, d’émancipation, au service des aspirations de chacun
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